Le liston a cassé à l'endroit où il est transpercé par les vis de fixation du support de dame de nage bâbord avant. Les trous des vis créent une légère faiblesse qui a été l'élément déclencheur de la cassure. La cloison centrale a résisté, tout comme la cloison avant. La rupture du liston a provoqué une déchirure verticale dans le contreplaqué des bordés 1 et 2, et l'étrave du canot est venue entamer le bord du bordé 3.

Je trouve remarquable qu'il y ait finalement si peu de casse et que Martial et Vanh aient pu regagner le port par leurs propres moyens, à l'aviron (il y a trois paires de supports de dames de nage sur Aldies II).

L'examen de la partie du liston qui se trouve en avant de la cloison avant montre qu'il présente plusieurs fentes montrant que cette partie du bateau a beaucoup cintré au moment de la collision, la cloison avant renforcée par son banc transversal faisant pivot.

J'ai commencé par découper le contreplaqué afin d'avoir des bords nets. La découpe artistique montre que j'ai tenté de conserver le maximum de bordage, notamment afin de préserver le support du banc latéral.
On aperçoit le bout des vis qui tiennent le "fond" que j'ai appliqué par l'extérieur et sur lequel est vissé le bout de bordage rapporté.
Notez que c'est déjà le second collage, j'ai commencé par le petit bout en bas.

Le "fond" en contreplaqué de même épaisseur que le bordage original et les pièces rapportées aide à tenir la pièce rapportée et à lui donner un cintrage similaire à celui du bordé continu.

Je m'apprête à coller le dernier bout de bordage. On voit que le "fond" est déjà en place avec un bout de film plastique destiné à empêcher que la pièce colle sur le fond. J'ai découpé les pièces de contreplaqué dans des bordés déclassés qui me restaient de la construction du premier Silmaril : ils se sont bien bonnifiés pendant six ans !

Les vis avec les petites cales traversent les pièces rapportées et les plaquent contre le "fond" afin de les cintrer dans la continuité du bordage.

J'ai coupé le liston autour de la partie cassée et fendue. En effet, la partie du liston en avant de la cloison 1 a tellement cintré lors de la collision qu'elle est toute fendue, et j'ai donc dû couper nettement en avant de la cassure.

J'ai relevé la courbure intérieure du liston sur l'autre bord, et l'ai reporté sur un bout de planche que j'ai découpé pour que le cintrage du liston réparé soit identique à ce qu'il était avant l'accident.
Notez que j'ai déposé le support de dame de nage afin de pouvoir appliquer le gabarit de cintrage.
Je viens de couper la latte de sapelli intérieure, puis de tracer la coupe de celle de l'extérieur.

Et voilà le liston restauré. On voit que j'ai aussi réalisé et installé un gabarit de cintrage sur la partie avant du liston. Il est moins épais car le cintrage est moins fort à l'avant.

Ces gabarits jouent aussi le rôle de martyrs pour les presses.

On a beau nous dire que cet hiver est un des plus chauds jamais enregistrés, il gèle actuellement dehors (22 janvier en Picardie) et il fait seulement 5°C dans mon hangar ! Du coup je laisse tourner en permanence ce petit radiateur à bain d'huile, en le mettant juste sous le collage, afin de motiver l'époxy (pour les nouveaux, l'époxy ne durcit que très lentement en-dessous de 15°C).

J'ajoute cet élégant duvet pour couvrir la zone de collage et retenir la chaleur diffusée par le radiateur. Les presses évitent que le duvet reste collé sur le liston.

Presque comme neuf ! Il reste encore plein de trous de vis à boucher, une petite stratification de renfort à appliquer, mais on approche du but.

On verra la différence de teinte du bois : la réparation est en sapelli, alors que le liston original était en "acajou amer" (Cedrela odorata), un peu plus clair. Ce bois provient d'Amérique Centrale, et il est utilisé par CLC dans les kits manufacturés aux USA. J'avais en effet importé le kit de Doris 17 de Martial, car il est un de mes tout premiers clients, avant que je m'organise pour faire fabriquer les kits en Europe. Les listons des kits vendus actuellement par Arwen Marine sont en sapelli éco-certifié d'origine africaine.

Idem sur le joint arrière. Les trous de vis sont ceux du support de dame de nage central.

J'ai ajouté deux longues vis bronze à chaque bout de la réparation afin d'ajouter un renfort mécanique au collage à l'époxy. En cas de choc violent, la vis "assurera" le joint de colle.

J'ai retourné le Doris 17 afin de mastiquer et refaire les bouts de joint sous le liston et entre les bordés.

Ponçage avant de stratifier un tissu de verre fin sur la zone réparée afin de renforcer les collages sur chant. En effet, je me suis simplifié la vie en omettant de faire des scarfs sur tous les joints de contreplaqué.

J'ai appliqué trois rectangles de tissu de verre fin dont on distingue les lisières. Le recouvrement des pièces renforce les joints.

Montage de la structure de support du duvet pour le chauffage : les lingots de plomb de 10 kg suffisent à tenir les bouts de planche et la règle en alu sur lesquels je vais poser le duvet.

Mise en place du duvet.

Et ajout de plastique à bulles pour fermer les extrémités.

Je viens de terminer le ponçage de la surface extérieure après la stratification et j'ai ensuite dépoussiéré puis rincé à grande eau en vue de la peinture.
Cette photo est aussi un peu pour le plaisir d'avoir une vue générale de cette coque très fine.

On comprend mieux en voyant cette photo pourquoi Martial et Vanh vont si vite !
La coque est très fine à la flottaison et s'évase plus haut pour offrir un peu de raideur à la toile. Avec la misaine de 6.10 m2 et le foc de 2 m2, c'est une fusée !

Retouche de peinture faite, je m'apprête à remettre le Doris 17 à l'endroit.

La légèreté de cette coque (45 kg en standard) rend l'opération très facile avec mes deux palans à 6 brins.

Paré pour la suite !

J'ai découpé une pièce de tissu de verre qui couvrira d'un seul tenant toute la zone réparée. Pas de chevauchements comme sur l'extérieur, car ils seraient plus visibles sous le vernis.

Et voilà le tissu saturé d'époxy. Je ferai un ponçage puis une seconde couche d'époxy avant un dernier ponçage et un vernis pour la protection anti UV.

Et voilà ce que ça donne après ponçage et vernis. La différence de motif dans le grain du bois restera, mais la différence de teinte s'atténuera avec la prise d'UV.

La réparation est invisible sur l'extérieur, sauf pour les joints du liston.

Cette réparation a achevé la courroie de ma ponceuse à bande (ponçage du liston) : voilà ce qu'il en reste sous le carter de protection !
Heureusement, on trouve maintenant facilement des pièces détachées pour les outils électriques comme pour l'électroménager, et je viens de commander une courroie neuve pour moins de 20 € !