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Gréer une misaine bômée "à l'australienne"

La voile au tiers est mal connue et en général mal établie, ce qui fait qu'elle est associé aux "vieux gréements" (je hais cette expression : pourquoi ne pas dire "bateaux de patrimoine" ?) et à des performances... moyennes !
Je vous présente ci-dessous l'antidote : en ajoutant une bôme et un palan d'amure on peut régler finement ce type de voile et en tirer un excellent rendement, d'autant plus que son centre de poussée vélique est plus bas qu'une voile marconi de même surface. Par contre, il faut renoncer à faire un près de Classe J, on arrivera plutôt à celui du cata, mais avec une bonne vitesse et un style inégalé.

Le gréement dit "à l'australienne" remplace le rocambeau de drisse (dont la fonction est de garder la vergue proche du mât) par un parcours original de celle-ci que nous verrons ci-dessous. La bôme est également plaquée au mât par une manoeuvre dont je n'ai pas trouvé d'équivalent en français, et que les australiens nomment "bêleur" (bleater en anglais).

Voici un exemple d'installation sur un Skerry.

NB : je dis "à l'australienne" car j'ai découvert cette façon de gréer sur le site de l'architecte australien Michael Storer, mais on voit ce système apparaitre sur les canoës à voile anglais à la fin du XIXe siècle. Je ne l'ai jamais vu sur un "vieux gréement" (aaargh !) français. OZ est une version raccourcie pour désigner l'Australie ou ce qui est australien.

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Dispensé de rocambeau : la drisse est frappée en bout de vergue et revient passer par un mousqueton saisi à mi-longueur de la vergue (plus précisément à mi-longueur de l'envergure - le bord haut de la misaine le long de la vergue) en passant du côté du mât opposé à celui de la vergue, ce qui plaque la vergue contre le mât.
On voit que le courant de la drisse revient sur un taquet en passant par-dessus la partie de la drisse qui serre la vergue sur le mât. Cela réduit les frictions et simplifie la manoeuvre.
Le bout de la drisse est pourvu d'un second mousqueton qui est accroché à un pontet inox vissé sur le dessus de la vergue, juste à l'intérieur du capelage du haut du guindant.
Le mousqueton saisi à mi-longueur de la vergue est sur un erseau qui fait le tour de la vergue (fermé par un noeud de pêcheur) et passant par un pontet inox vissé sur la face inférieure de la vergue (invisible sur cette photo). C'est mécaniquement plus solide que de tirer directement sur un pontet qui serait fixé sur le haut de la vergue.

 

Gros plan sur la pointe avant de la vergue; avec le mousqueton du bout de la drisse et le pontet sur lequel il est frappé.

 

Après avoir hissé la voile, nous allons nouer le "bêleur", (le petit cordage jaune) qui a deux fonctions : il plaque la bôme contre le mât et évite que celle-ci se le balance d'avant en arrière.
Son nom de bêleur est expliqué dans le Chasse-Marée N°308.
Notez qu'il passe par l'oeillet de point d'amure de la voile mais on pourrait compliquer en ajoutant un pontet sur la bôme, comme celui qui tient l'erseau du palan d'amure.

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Bêleur en place : l'extrémité longue passe autour de la bôme derrière le mât et on frappe le mousqueton sur la boucle réglable de l'autre extrémité.
Le mousqueton est tenu dans un simple noeud de plein poing, et à l'autre bout la boucle est réglable en bougeant le noeud de drisse.
Notez que j'ai passé les deux brins du bêleur par-dessus la drisse. C'est un peu gênant pour la prise de ris, mais du coup le bêleur est plus libre pour pivoter avec la bôme.

 

Vue de l'autre côté de la bôme. On voit que si l'on serrait plus le bêleur, il faudrait le passer à l'intérieur du pontet et de l'erseau du palan d'amure, car le bêleur pousserait la bôme vers l'arrière. Notez que ce palan doit être puissant (ici, 4 brins, ce sont des poulies violon, vous connaissez la musique) car le dosage précis de la traction verticale est essentiel au bon réglage de la voile au tiers bômée.
En plus de sa fonction de maintien de la forme de la voile, ce palan a la seconde fonction normalement occupée par le hale-bas de bôme. En effet, la partie avant de la bôme entre le point d'amure de la voile et capelage du palan d'amure tient l'ensemble de la bôme à l'horizontale car le guidant s'oppose à la traction verticale exercée par la chute lorsque la bôme monte au portant. Un peu compliqué à décrire mais diaboliquement efficace : votre bôme sera toujours à plat au grand largue ou au vent arrière, pourvu que le palan d'amure soit raisonnablement raidi. En effet, je le mollis toujours un peu quand je passe du près au portant afin de relâcher un peu la tension sur la drisse qui se trouve augmentée par le vrillage causé par le grand angle d'ouverture de la bôme. Posez tout là et triez tranquillement, ça deviendra limpide !

 

Je viens de prendre le ris afin de tester le fonctionnement de la bosse unique en circuit fermé : ses extrémités sont frappées sur des pontets fixés au point d'amure et d'écoute, sur l'autre face verticale de la bôme. Elle passe ensuite dans les oeillets de ris, puis dans les poulies de renvoi fixées sur la face opposée aux pontets, et termine dans les deux coinceurs qui se font face, en arrière du mât.
Il manque encore les hanets de ris qui serviront à saisir la toile.

         
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Cette photo d'un autre Skerry équipé de la même voile (6.10 m2) montre comment la vergue s'établit relativement au mât : on voit que le capelage à mi-envergure se place un peu en arrière, et de la moitié on revient au tiers (comme le nom de cette voile, finalement...) Sur ce gréement on voit aussi que j'ai utilisé un demi encornat au lieu du bêleur (ah, je n'avais pas prévenu qu'il y aurait une interro-surprise ?)

 

 

 

Dernier point : le point d'écoute est tenu par une longue boucle passant autour de la bôme afin que la tension le garde appliqué contre celle-ci. Le bout entre dans l'oeillet, fait le tour de la bôme et ressort à travers l'oeillet sur l'autre côté de la voile et je termine par un noeud de chaise. Le courant passe par un trou vertical à travers la bôme et revient sur un coinceur placé sous celle-ci à l'aplomb du banc central. Pour border ou mollir la bordure (et creuser ou aplatir la voile), il faut préalablement mollir le palan d'amure qui a tendance à brider le jeu de cette manoeuvre.

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